vendredi 5 février 2010

Angoulême 2010 : un cru au bouquet terne


La grande messe de la bd vient de s’achever pour la 37 ° fois.
Passons sur le palmarés qui est plutôt pas mal surtout pour le Grand Prix (Baru) et pour l’album jeunesse (Lou), peut être un peu moins pour le Fauve d’Or (Pascal Brutal) mais, après tout, pourquoi pas ? OK, les albums de Satouf sont funs mais, de là à dire qu’il s’agit du meilleur album de l’année, il y a un pas qui a été franchi. Néanmoins, ce palmarès réconcilie un peu tout le monde en sacrant Jérôme K Jérôme Bloche de Dodier comme meilleur série.

dessin piqué à Relom et à La Charente Libre
Parlons plutôt de la manière dont les exposants festivaliers ont pu vivre cette édition. Parlons donc de la fréquentation. Trois tendances. Une baisse de la fréquentation attribuée par Franck Boudoux, le Délégué Général du Festival, au mauvais temps. Comme si les précédents Angoulême étaient caractérisés par leur ensoleillement. J’ai encore en mémoire une précédente édition, celle où l’espace zine s’était retrouvé en bas d’une pente copieusement verglacée, rapport au fait qu’il avait neigé d’abondance. Moi, spontanément, je pencherai plutôt pour expliquer cette baisse de visiteurs sur le prix du billet d’entrée. 14 € !!!!! En ces temps où le pouvoir d’achat fuit les petites mains d’Omnichouchou comme neige au soleil, il me semble un rien excessif.
La deuxième tendance fut la multiplication de badeaux venus avec des oursins dans les fouilles, grappillant ici et là, catalogues, posters, magazines offerts, casquettes des Tuniques Bleues et autres gratuités et parcourant le FIBD sans bourse déliée. Leur maigre pécule culturel ayant été d’ailleurs peut être englouti par le prix d’entrée.
La troisième tendance fut celle des démarcheurs. Si nous avions eu autant de visiteurs intéressés par nos jolis albums pour enfants pas sages que d’imprimeurs proposant des prix défiant toute concurrence, de traductrices persuadées que le futur de la bd se trouve à London ou de postulants auteurs, tous plus talentueux et motivés les uns que les autres, alors, là, oui, Angoulême 2010 eut été un succès pour nous. Hélas …………..

Que l’on ne s’y méprenne pas, aller à Angoulême reste une fête que nous ne raterions pas pour tout un empire. Même si cette édition ne fut pas la plus conviviale (pas une visite d’un officiel sur notre stand, pas un café, ….) ni la plus rock’n’roll. C’est l’occasion de voir des trucs sympas comme Coyote tentant d’ouvrir une porte à coup d’épaules pendant qu’à notre stand distant de quelques mêtres on a un client qui est policier en civil chargé de la sécurité du Festival. C’est aussi l’occasion chaque année de prendre le pouls de la bd, de voir ou de revoir des potes (les Toto’s Bros, Dany, Dadafufu, Stephane, Loulou, Serge Carrere, Bac, Fred Treglia, Tony Larivière, Nico Otero, Keramidas, Guarnido, Pellet, ……….. ; et plein d’autres que j’oublie). Ce fut aussi l’occasion d’établir une tête de pont dans un bar sympa, « L’esplanade ». Encore un « Surfer », Madame Marie !
Il faut faire attention que le FIBD ne devienne pas seulement la « machine à fric » dénoncée par Jean-Luc Masbou, dans la Charente Libre du 30/01/2010. Peu de considérations pour les auteurs, pas de chaleur et surtout le fait de passer pour des guignols si l’on ne fait pas dans l’autofiction ou la bd d’introspection en n&b. Sur notre stand, on a un peu ressenti la même chose en ne vendant pratiquement que la bd de boules de Filobedo. On a eu un peu l’impression qu’à Angoulême, soit on fait du cul, soit on est un blockbuster en pile dans tous les centres commerciaux ….. euh culturels, soit on fait de la délectation morose dessinée avec les pieds, soit on boit de la Vodka. Nous, on boit !

Cependant, on doit saluer le fait que le FIBD s’ouvre aux nouvelles technologies comme les BD sur ordi ou sur smartphones. Là, il remplit parfaitement son rôle de découvreur, d’expérimentateur de pistes nouvelles. Il est évident qu’Internet, les forums, les blogs, les sites communautaires d’ »edinautes » comme, par exemple, Manolosanctis sont appelés à jouer un rôle important. Aujourd’hui, la création de bd, l’expérimentation ne se fait plus forcément dans un garage, en agrafant des photocopies réalisées à la sauvette au bahut ou au boulot en buvant de la bière chaude ! Mais, je pense que ces nouvelles technologies doivent être regroupées dans un espace pro comme celui des droits internationaux et non pas avec des éditeurs de bd traditionnels, fussent-ils des microstructures comme Le Gang !

partie du FIBD où notre stand était installé

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