jeudi 29 juillet 2010

Fantax

Fantax. Un nom qui ne dira pas grand-chose aux amateurs de bd modernes ou même aux quinquas, amoureux des dos ronds Dupuis ou des toilés Lombard.
Fantax, un nom qui plonge tout droit dans le passé honteux de la bd, quand elle n’avait droit de cité que dans les halls de gare et dans les cours de récré, quand l’Intelligentsia lui tombait dessus à bras raccourcis.


En 1946, paraît aux Editions Pierre Mouchot, un fascicule qui va faire figure d’ovni dans la jungle des publications pour la jeunesse, Fantax.Ce titre est écrit par J. K. Melwyn-Nash, un des pseudos de Marcel Navarro, le fondateur futur avec d’autres de « Mon Journal » et des éditions Lug et dessiné par Chott qui n’est autre que Pierre Mouchot.
Fantax, Lord Horace Neighbour, est un justicier. La nuit, il revêt son costume rouge et noir et s’en va redresser les torts. Le problème, ce sont les méthodes qu’il emploie pour parvenir à ses fins. Justicier ambivalent, acrobate oscillant sur le fil ténu qui sépare le bien et le mal, violent à la limite du sadique, il n’hésite ni à faire couler le sang ni même à torturer ses adversaires afin de leur « faire cracher le morceau ». Il est plus proche d’un Fantomas ou d’un Shadow que d’un gentil boy-scout comme Superman ou d’un Batman pré Dark Knight. Autant dire tout de suite que la censure française et la loi du 1er° juillet 1949 prirent très mal la chose et livrèrent un combat acharné contre Mouchot et ses publications : Fantax n’eut que 32 numéros. Et tout le long de sa carrère professionnelle, il dut se débattre avec cette commission de censure

Aujourd’hui, son petit-fils redonne une jeunesse à l’œuvre de son grand-père : il publie, dans un chouette album cartonné et toilé, les 8 premiers épisodes du Gentleman Fantôme. L’occasion de pénétrer dans un « Temposcaphe » et de redécouvrir le plaisir d’une bd certes surannée mais qui possède le charme d’un film noir des années 50 ou des premiers westerns quand les héros s’appelaient Glenn Ford ou Alan Ladd

Pour plus de renseignements ou pour commander
Tanguy Mouchot, 61 vallon Barla, 06 200 Nice

dimanche 18 juillet 2010

Aldo Rémi : "Rage au coeur"

Gilbert Gascard dit Tibet (1931-2010) était surtout connu pour deux grandes séries de bandes dessinées. La première, Ric Hochet (avec son scénariste André-Paul Duchâteau) racontait les enquêtes d'un journaliste redresseur de torts roulant en porsche. La seconde, Chick Bill, était un western qui se détournait des gunfights pour déchaîner des salves de rire résultants de bons mots, de situations cocasses et de personnages haut en couleurs.
On sait moins, qu'au soir de sa vie, Tibet avait toujours envie de se renouveler : écriture d'une autobiographie ("Qui a fait peur à Maman ? ") ou de pièces de théâtre. Ou encore en créant une toute nouvelle série de bande dessinée sur un héros résolument plus moderne, plus en phase avec son époque. Une bd dont le personnage principal était crédible, avec ses problèmes de fric et de nanas. Personnage qui pouvait se laisser aller à employer un langage qui eut fait rougir les oreilles de Hergé !
Si Tibet eut le courage de se remettre en question, de ne pas se contenter des séries qui ronronnaient gentiment, ce ne fut pas forcément du goût des éditeurs. Son éditeur historique refusa la série car elle aurait pu casser l'image de Tibet. Quant à l'éditeur qui consentit à publier les deux premières histoires d'Aldo Rémi, il ne souhaita pas poursuivre l'aventure : les chiffres de vente n'atteignait pas les sommets himalayesques d'un Ric Hochet !
Tibet s'est alors dit que ses amis du Gang serait, eux, heureux et fiers de publier ce tome d'Aldo Rémi. Et ce qui n'était qu'une plaisanterie rituelle entre nous devint une réalité : Tibet allait sortir un album chez Le Gang. Et, il en était heureux, lui aussi. Heureux de sortir des sentiers battus et de faire un pied de nez à l'establishement bd qui ne voulait pas de cette série plus personnelle.
Hélas, la Camarde nous a empêché de lui remettre ses exemplaires d'auteurs en main propre devant un verre de Rosé. Mais, elle n'a pas empéché que l'album paraisse, augmenté de dessins hommages de ses amis, connus ou inconnus. De Achdé à Ramaiolli, de Batem à Maester en passant par Pascal Bresson, Dodier, Fino, Dany, Ptiluc, Grenson et d'autres encore, ils ont tous répondu présents.



Merci, Maître, pour ce dernier cadeau !